Berlin-Pune, mise à l'épreuve de 6 ans d'études...

Me voici au crépuscule de mes études d'architecture: 6 années passionnantes mais théoriques de projets et d'utopies. Pour mon diplome je souhaite mettre ce que j'ai appris au service des autres. Un peu de chamboulement dans ma vie de petite européenne : trois mois de stage dans une ONG à Pune, en Inde...

lundi 19 octobre 2009

Regard sur les bidonvilles

Voici un article un peu théorique, mais je me suis dis que ça vous interesserait peut-etre de savoir où j'en suis par rapport a mon boulot... parce que le probleme est tellement enorme... donc vous avez le droit de me dire ce que vous en pensez...

Sur 1 km2, les bidonvilles de Laxmi Nagar, Ashok Nagar et une dizaine d'autre sont un patschwork de couleur de typologie, un exemple par exelence de ville spontanée.

J'ai choisi ce site comme lieu de travail pour sa diversité, sa situation proche du centre ville et ses qualités architecturales deja présentes.

(pour info :l'immeuble où j'habite fait parti des petits blocs blanc en bas de l'image.)

En réaction à la diversité des typologies de logements englobés dans le terme « Slum », et par cela la multitude de problématique qui en découle, je souhaite diviser mon travail en trois projets.

Chacun des projet s’interroge sur un type de slum différents mais dont la problématique reste la même  : Comment peut-on assainir et densifier les bidonvilles tout en respectant les modes de vie et les acquis architecturaux des habitants ?

J'ai commencé un travail de classification, relevé de plan, de façon a montrer la diversité des logements que l'on trouve dans un slum comme Laxmi Nagar. Cette maison repond aux critères d'une Semi-Pucca : ça veut dire que ses murs et son sol sont en "dur"( brique, beton..) mais que son toit est en taule, ou autre materiaux non permanent, et offrant une resistance relative aux violences climatiques.

ah, petit détail dans la maison que j'ai dessiné, ils vivent à 12... ça c'est le gros probleme des bidonvilles vouloir les densifier, est en fait assez meurtrier...

Tout bidonville ne nécessite pas une destruction a coup de bulldozer. D’un point de vue architectural ou patrimonial il serait même regrettable de raser ces morceaux de ville spontané dont certains ne sont pas sans rappeler la trame urbaine organique de nos vieux centres-villes européens.

Malheureusement que très peu d’architectes et urbanistes indiens sont conscients des qualités dont font preuve les bidonvilles et ne voient en eux qu’un « cancer »  qu’il faut éradiquer quitte à reloger les population dans des logements encore plus indécents mais loin des centres commerciaux et des quartiers résidentiels. Hors ce sont ces mêmes quartiers qui nécessitent femmes de ménage, gardiens, agents de sécurité, cuisiniers, jardiniers, personnes engagées moyennant un salaire dérisoire ne permettant pas de se permettre le cout de déplacement, et encore moins de vivre dans les résidences des quartiers pour lesquels ils travaillent.

Une grande part de la difficulté du problème des bidonville est du a cette situations non avouée d’interdépendance entre les classes sociales pauvres et les plus aisés.

En essayant de reloger les population des bidonvilles dans des logements en périphérie de la ville, en densifiant au maximum a tel point que cela n’abouti qu’a un bidonville a la verticale, les autorités locales et leur urbanistes ne font qu’aggraver le problème.

On observe même des opérations de relogements gouvernementales qui après six mois sont délaissées par les habitants, qui se trouvent trop éloignés de leur travail et qui préfèrent retourner vivre dans un bidonville. L’échec de ces opérations ne sont pas seulement dues a l’éloignement mais aussi au désintérêt des responsables, à la corruption, et la mauvaise qualité des constructions, inachevées, sans eau courante ni connexion avec le tout-à-l’égout.

Ces expériences sont jugés désastreuses par les habitants des bidonvilles qui sont devenu très méfiants a l’égard de toute opération de relogement également celles proposées par les ONG.

Les habitants ne veulent pas être parqués dans les immeubles de plus de quatre étages où les appartements ne serons pas plus grand que leur maison actuelle, mais où l’usage de la rue, partie intégrante de leur quotidien leur sera impossible.

Dessins sur le sol devant les maisons réalisés pour Diwali, fète du nouvel an hindu

Les habitants des bidonvilles sont généralement issus des villages autour de Pune. Leur mode de vie, bien qu’influencé par les médias reste basé sur des traditions et des habitudes rurale qui sont incompatible avec des grands ensemble de relogement proposés par le gouvernement.

Vaches, chèvres et autres animaux de la ferme coulent des jours paisibles entre les maisons de taules dans des étables de fortune.

Mon expérience a Pune a renforcer ma conviction que la ville et le logement ne devraient pas être victime de la mondialisation. Les autorités tentent de transformer Pune en ville internationale, négligeant pour cela son patrimoine et l’identité de ses habitants.

1 commentaire:

  1. Très bonne analyse du fonctionnement sociale du bidonville! Tu as finalement passé ton diplome sur ce sujet?

    nibelle.ba@gmail.com

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