Berlin-Pune, mise à l'épreuve de 6 ans d'études...

Me voici au crépuscule de mes études d'architecture: 6 années passionnantes mais théoriques de projets et d'utopies. Pour mon diplome je souhaite mettre ce que j'ai appris au service des autres. Un peu de chamboulement dans ma vie de petite européenne : trois mois de stage dans une ONG à Pune, en Inde...

mercredi 2 décembre 2009

Airport blues

Voila c’est sans doute le dernier message de ce blog.

Mumbai

International airport.

19 :55

Apres trois mois de séjour en Inde me voici de retour dans ce grand aéroport, particulièrement froid, longiligne et gris. La femme assise a coté de moi lorgne mon écran sans pouvoir ( je suppose) déchiffrer un mot. Apres trois mois de difficultés a se faire comprendre, j’aurais souhaité pouvoir rentrer en France ou au moins voyager avec Air France. Je sens comme une flemme de parler allemand… de mélanger avec l’anglais, de balbutier, de ne pas pouvoir m’exprimer parfaitement..

Tant de banalités lorsque j’ai tellement à raconter… par où commencer ? le trajet terriblement long de mon hôtel à Colaba (pointe de la presqu’ile de Mumbai) jusqu’à l’aéroport, il nous aura fallu quasiment deux heures… deux heures de réflexion sur la ville incroyable qu’est Bombay. Comme toutes ses villes qui ont eu un passé remarquable et un présent explosif, Bombay est passionnante. Je sens comme une attirance vers cette ville terrifiante et envoutante. Peut-être lors d’un prochain voyage…

J’ai réfléchi durant ce trajet en taxi que j’aimerai que vous conserviez de ce blog un souvenir autre qu’un carnet de voyage. Ce séjour ne fut pas un voyage. C’était un expérience de vie, mais pas un récit d’évènement se situant dans différent endroit et finalement ce que j’ai fait et raconté n’a rien d’extraordinaire. J’aurais aimé avoir plus de temps a consacrer á ce blog et pouvoir multiplié les articles sur cette fresque mouvante qu’est l’Inde d’aujourd’hui. Mes articles écrit jusqu’à présent n’ont rien exhaustifs, ni, finalement d’objectif. Je ne vous ai pas décrit l’Inde de façon objective, mais d’une façon personnelle et émotive. Ce blog parle de l’inde vue par Caroline. C’est l’Inde que j’ai ressenti, qui m’a touché, qui m’a plu et m’a choqué.

Je pourrais vous dire, en Inde il y a des enfants qui vivent et meurent dans la rue, ça sent la pisse et les gens crachent. Je pourrait vous décrire comment les bâtiments anciens sont détruit ou délaissé et comment les architectes font fortune en construisant des villes dénuée d’Humanité. Je pourrais vous décrire de façon froide, mais objective, l’horreur d’un pays en développement où la surpopulation le traditionalisme et le capitalisme crées une misère inévitable.

A quoi servirait une telle description ? c’est la question que j’aimerai poser à ma collègue de travail diplômée de Cambridge (en Math., ce qui ne m’aide malheureusement pas à améliorer mon opinion sur les scientifiques…) qui s’évertue à montrer sur facebook des photographies misérabilistes de gamine chiant dans la rue d’un slum.

Si je vous décrivais l’Inde de cette manière qu’est que ça nous apporterait ? à vous qui suivez mon expérience et à moi qui tente d’y voir plus clair dans mes sentiments ? Rien. Vous vous diriez : « ah, c’est donc vraiment aussi terrible qu’on nous le raconte dans les pays pauvres ! » génial. Vous seriez bien avancé. Et je vous aurez bien caché tout ce qui rend l’Inde extraordinaire.

L’Inde est un pays si complexe que chaque regard posé sur ce hall d’aéroport mériterai un paragraphe. Par exemple : l’obésité dans les pays à croissance ultra-rapide. Qui a dit que le régime végétarien est bon pour la santé ? ma chef est végétarien mais n’aime pas les légumes. Au déjeuner, elle a deux aloo paratha (sorte de crêpe aux pommes de terre) et une boite de sucreries indiennes qui sont délicieuses mais qui mêlent avec art sucres et graisses en excès.

Pour en revenir à Bombay, c’est une ville digne des récits d’Italo Calvino, ou du Cinquième élément. C’est une ville tellement dense que l’on peut réellement parler de profondeur urbaine. Les couches s’entassent. Les quartiers anciens aux rues étroites sont surmontés de pont autoroutiers congestionnés qui recouvrent le crépuscule d’un brouillard brunâtre. Mais ne vous imaginez pas un paysage cauchemardesque… c’est là, où la magie de Bombay agit… la ville est fondue dans des nuances de couleur que seules les villes du Sud savent revêtir. La mer en toile de fond vient terminer le panorama d’une ville qui ne dort pas.

Un de mes endroit préféré dans cette ville que je ne connais pas, c’est Marine Drive. Une promenade en front de mer de plusieurs kilomètre que la population vient envahir à l’heure de la Passegiata. La mer et le ciel ne font plus qu’un et la surpopulation indienne observe, les pieds balançant dans le vide.

Ce sont ce genre de tableau, d’ambiance, que je voudrais que vous retiendriez de mon blog. Les indiens vivent. Un milliard d’êtres humains terriblement différents les uns des autres qui se meuvent dans un pays immense et si petit à la fois. 

Je ne sais pas ce que cette expérience m’aura apprit finalement. Peut-être de ne pas juger trop vite. Ou d’essayer du moins. Peut-être de ne pas paniquer… ou essayer du moins !

Cette expérience m’aura définitivement convaincu de garder les yeux ouverts. Même quand ça fait mal, même quand c’est trop et qu’on en a marre… qu’on est fatigué et qu’on aimerait avoir un bain chaud et l’électricité toute la journée. Ca apprend à quel point notre planète est riche de culture, et si instable en même temps.

Ma valise est pleine à craquer de chose pas si importante. J’éprouve un sentiment mélancolique et soulagé en même temps. L’Inde c’est fatiguant. J’admire mon amie Susan (ma colloc-collègue-copine américaine) qui a 22 ans et qui est enchaine son sixième et dernier mois de stage chez Shelter. Mes trois mois m’ont suffit. Je me lasse lentement de la cuisine indienne a chaque repas… que c’est cliché !

Hier soir et ce matin, Susan et moi avons cassé la tirelire. On a disjoncté et pour fêter mon départ nous sommes aller mangé dans le meilleur (et le plus couteux) hôtel de Bombay, le Trident. Non , parce que pour information au cas où vous seriez tenté de dépenser une fortune dans un hôtel a Bombay : le Taj hôtel est impressionnant de l’extérieur, mais ne vaut absolument pas le déplacement : le bar est équipé d’un écran géant qui diffuse des match de foot tous les soirs et le restaurant n’a pas de fenêtre et est très bas de plafond… pour un hôtel qui dispose d’une vue sur la mer c’est quand même scandaleux !  sans vous parler des prix qui frise le délire. Bref nous avons changé de direction : front ouest de la presqu’ile. Le Trident est un immense hôtel de luxe donnât sur Marine Drive. Le Hall est majestueux, offrant une baie vitrée grandiose sur la baie, un léger et frais parfum de jasmin et un restaurant digne de ce nom (cher, mais tout compte fait moins qu’une bonne brasserie parisienne) et j’ai dégusté un tournedos comme je n’en avait pas eu depuis TRÈS longtemps ! et le maitre d’hôtel ( d’un professionnel admirable) apprenant que c’était mon dernier soir nous à offert nos deux desserts ( ce qui n’était pas une broutille, d’un point de vue gustatif et financier !) Ce matin, nous avons eu le culot de remettre ça. Et pour 10 euros chacune nous nous sommes offert le luxe d’un  buffet d’exception ( et des nappes assorties aux serviettes d’une propreté immaculé). L’avantage d’être confronté à l’extrême pauvreté, c’est qu’on savoure à son juste prix la gastronomie et le travail bien fait. Hier soir et ce matin, nous avons réalisé a quel point on était riche. Finalement plus riche que les clients de l’hôtel qui ont les moyens de ce payer une chambre. Parce qu’on a conscience du prix que l’on paye et à quel point toute une partie de la population mondiale ne peut même pas imaginer.  Acquérir cette conscience c’est déjà sans prix.

 

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